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L’histoire d’un vétéran de l’ARC : L’importance du Souvenir

nov. 6, 2024
Dorsan « Sam » Lambert a grandi à proximité de Bruges, en Belgique, sur un petit lopin de terre cultivé par sa famille. Il n’a que 9 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, et à peine huit mois plus tard, l’Allemagne occupe la Belgique jusqu’à la fin de la guerre. « C’était tout simplement terrifiant. J’ai eu peur pendant quatre ans, sans arrêt », raconte Sam. L’un des piliers centraux de la Légion royale canadienne est d’appuyer la tradition du Souvenir : présenter les histoires des vétérans qui ont servi notre pays est l’une des façons de poursuivre cette tradition.
 

Par Brandon Martin
Brandon Martin a passé quelques semaines avec la Légion dans le cadre du programme de journalisme à l’Université Carleton d’Ottawa. (Photos: Sam Lambert)

Sam_VooDooSam, en 2022, aux côtés d'un McDonnell CF101 « Voodoo » à l'aéroport de Comox (C.­B.). L'ARC avait, en 1961, acquis 66 Voodoo de l’aviation américaine pour remplacer l'Avro Canada CF100 Canuck.
 

Mon grand-père, Sam, s’éloigne tranquillement de l’embrasure de la porte où il m’accueille, tandis que j’entrais sa maison. Électricien de métier à l’origine, Sam a bâti lui-même chacune des 30 pièces de son manoir de style néoclassique, d’une superficie de 10 000 pieds carrés, avec sa femme depuis 45 ans, Gabrielle, avant son décès en 1999. Il lui a fallu 30 ans pour terminer sa construction, pièce par pièce. Nous nous asseyons à sa table de cuisine, et il prend place au bout de la table, bien sûr, car c’est la seule chaise avec un coussin. 

Mon grand-père a eu 93 ans en mai. Après avoir subi deux accidents vasculaires cérébraux en 2017, il ne bouge plus tout à fait comme avant, mais ma famille plaisante que cela l’a ralenti pour le mieux. Nous le trouvions souvent à 30 pieds de haut sur une échelle, tout seul, sans le moindre souci. « Vous savez que je suis allé beaucoup plus haut », disait-il. En effet, Sam était instructeur et pilote d’essai pour l’Aviation royale canadienne (ARC) durant son âge d’or, une période tout au long des années 1950 caractérisée par des dépenses militaires accrues qui ont conduit au développement d’avions canadiens légendaires tels que le F-86 Sabre et les chasseurs CF-100 Canuck.  

L’un des piliers centraux de la Légion royale canadienne est d’appuyer la tradition du Souvenir : présenter les histoires des vétérans qui ont servi notre pays est l’une des façons de poursuivre cette tradition. Partager l’histoire de mon grand-père à travers les extraits suivants m’a permis non seulement de lui rendre hommage, mais aussi d’exprimer ma gratitude envers tous les vétérans en cette période du Souvenir.

Sam_Meteor
Sam prenant place dans le cockpit d'un Gloster Meteor alors qu'il volait avec la force aérienne belge. L'avion britannique aura été le seul avion de combat à réaction allié de la Seconde Guerre mondiale à participer à des affrontements aériens.

Dorsan « Sam » Lambert a grandi à proximité de Bruges, en Belgique, sur un petit lopin de terre cultivé par sa famille. Il n’a que 9 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, et à peine huit mois plus tard, l’Allemagne occupe la Belgique jusqu’à la fin de la guerre. « C’était tout simplement terrifiant. J’ai eu peur pendant quatre ans, sans arrêt », raconte Sam. Il raconte souvent que le poulailler de sa famille a été détruit par une grenade et qu’il a failli être lui-même réduit en miettes par deux bombardiers britanniques De Havilland Mosquito alors qu’il rentrait de l’épicerie à pied. 

Compte tenu de la dévastation causée par la Seconde Guerre mondiale, Sam et sa famille ont de la chance. Après la guerre, il s’inscrit à une école de métiers et s’engage dans l’Armée de l’air belge en 1951 pour recevoir une formation d’électricien d’aéronefs. Au cours de la formation de base, son regard se porte sur les jeunes pilotes belges qui s’entraînent sur le Supermarine Spitfire. « J’ai eu une idée folle : je pourrais peut-être faire la même chose », raconte Sam. Il s’adresse à son commandant et, quelques signatures plus tard, il part à Bruxelles pour passer des tests médicaux et physiques. « C’était brutal. Lorsque je suis rentré chez moi ce soir-là, j’étais accroché au mur de l’arrêt de bus. Je ne pouvais pas bouger tellement mon corps était endolori », raconte Sam.

À sa grande surprise, il réussit et son entraînement débute quelques semaines plus tard, en commençant par accumuler des heures de vol dans un biplan. Pendant son entraînement en Belgique, un commandant lance l’idée d’aller s’entraîner au Canada. Sam est l’un des rares à lever la main, et il se retrouve bientôt à s’entraîner dans l’Ontario et le Manitoba. Les conditions sont dangereuses au Canada, surtout en Ontario, où il connaît son premier hiver canadien à des milliers de pieds dans les airs. Il est l’un des deux pilotes à rentrer en Belgique avec leurs « ailes » après la mort d’un des camarades lors d’un vol dans une tempête de neige. Après l’accident, quatre de ses camarades, effrayés par les dangers du pilotage, ont quitté l’armée et sont rentrés chez eux. 

Après un an d’entraînement au Canada, Sam est de retour en Belgique et devient rapidement un expert du pilotage de l’avion à réaction le plus grand et le plus perfectionné que l’Armée de l’air belge avait à offrir : le Gloster Meteor. Sa maîtrise du Meteor lui permet de bâtir sa réputation de pilote, et de se faire remarquer par un général qui lui propose de devenir instructeur. Il dit que c’est un travail difficile et beaucoup plus exigeant que ses obligations actuelles : un vol le matin, un autre l’après-midi, et quelques heures de jeu de cartes entre les deux. Désormais marié, Sam décide d’accepter le poste. 

Pourtant, il a des doutes. L’économie belge d’après-guerre est encore en train de se redresser et Sam veut construire un avenir pour sa famille ; il ne peut s’empêcher de penser au Canada. « J’ai vu le Canada et je me suis dit que c’était le pays qu’il me fallait. C’est un pays où il y a des opportunités, des gens sympathiques et où tout le monde est le bienvenu. Je voyais le Canada comme un endroit où tout était possible », raconte Sam. 

Heureusement, sa femme est de la partie. J’ai dit à ma femme : « Es-tu d’accord pour venir au Canada avec moi ? ». Elle m’a répondu : « J’ai hâte de partir d’ici ».

C’est le début d’une carrière de près de dix ans dans l’ARC, à Comox Valley, principalement stationné Colombie-Britannique, en tant qu’instructeur et pilote d’essai au sein du 409e escadron d’appui tactique. Au cours de ses deux dernières années dans l’ARC, Sam a été pilote d’essai et a évalué les réparations sur le McDonnel F-101 Voodoo et le Lockheed T-33.  

RCAF SquadronSam (au premier rang sur un genou) photographié avec le 409Escadron d'appui tactique à Comox, en Colombie-Britannique. L'unité, créée pour les opérations de nuit pendant la Seconde Guerre mondiale, fut surnommée le 409e Escadron « Nighthawk » (NdT : littéralement « faucon nocturne »).

À l'occasion du 100e anniversaire de l'ARC cette année, c’est l’occasion idéale de partager l’histoire de mon grand-père. Il dit que servir dans l’ARC lui a inculqué de la discipline, mais je pense aussi que cela l’a rendu intrépide, motivé et inébranlable dans la poursuite de la vie. En écrivant cet article, je pense aux oncles, tantes, cousins et autres parents que j’ai au Canada parce que mon grand-père, Sam, a risqué sa vie et fait carrière dans l’ARC. Il habite toujours la maison qu’il a construite à Surrey, en Colombie-Britannique, et passe son temps à travailler sur sa propriété, mais désormais sans échelle. 


À propos de La Légion royale canadienne

Créée en 1925, la Légion est le plus grand organisme de soutien aux vétérans et de services communautaires qui soit au Canada. Opérant dans un but non lucratif et d’une portée pancanadienne, la Légion compte aussi des filiales aux États-Unis et en Europe. La force de la Légion lui est transmise par ses plus de 260 000 membres, dont plusieurs consacrent bénévolement beaucoup de temps à leur filiale.

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